L'Expo racontée par Lucho
Pour mieux comprendre cette exposition, je vous propose d'illustrer chaque "période" du travail de l'artiste.
Ces périodes se subdivisent en "thèmes"
(les cages, femmes-hommes, les socles...)
"l'homme qui marche" figure emblématique par excellence, fera l'objet d'un paragraphe séparé.
Sculptures
l'époque cubiste (1926 - 1928)
En 1926, avec Brancusi et surtout sous l'influence de Laurens et de Lipchitz, Alberto Giacometti se soumet à la discipline cubiste.
comme de nombreux artistes de cette tendance , il s'intéresse aux arts primitifs, fétiches africains et archaïques :
" La sculpture nègre, mélanésienne ou cycladique est plus réaliste qu'un buste romain ", écrit-il.
l'époque surréaliste (1929 - 1935)
Avec La Boule suspendue, Giacometti crée le premier « objet à fonctionnement symbolique » (1930) et une série de sculptures surréalistes qui enchantent Breton :
L’Objet invisible (1934), Le Palais à 4 heures du matin, à propos duquel il publie un texte capital. « Depuis des années, je n'ai réalisé que des sculptures qui
se sont offertes tout achevées à mon esprit ; je me suis borné à les reproduire dans l'espace sans y rien changer, sans me demander ce qu'elles pouvaient signifier.
[…] Rien ne m’est jamais apparu sous la forme de tableau, je vois rarement sous la forme de dessin. Les tentatives auxquelles je me suis livré quelquefois,
de réalisation consciente d'une table ou même d'une sculpture ont toujours échoué. […]
L’objet une fois construit, j’ai tendance à y retrouver transformés et déplacés des images, des impressions, des faits qui m’ont profondément ému (souvent à mon insu),
des formes que je sens m’être très proches, bien que je sois souvent incapable de les identifier, ce qui me les rend toujours plus troublantes… » (Minotaure, 1933).
L'inquiétude, l'onirisme, l'incertitude, la violence sont les caractéristiques des sculptures de cette époque : Cube, Femme qui marche, Femme couchée qui rêve,
Femme égorgée, Cage, Fleur en danger, Objet désagréable à jeter, Table, Tête crâne.
"Fleur en danger"met en scène une catapulte tirée jusqu’à la corde et
menaçant une frêle fleur inclinée de tout son corps comme un homme implorant pitié
Des œuvres comme emprisonnées, enfermées dans des cadres ou des "cages"
.
"Boule suspendue",
réalisée lorsqu'Alberto Giacometti était proche du groupe surréaliste parisien,
dans les années 30.
L'œuvre peut être vue comme une métaphore du couple ou d'un rapport sexuel. La forme allongée, une drôle de banane un peu phallique,
effleure la sphère, fendue à sa base. Au-delà de l'allusion érotique, c'est surtout l'une des premières sculptures de l'artiste enfermée dans une sorte de "cage" en métal.
Celle-ci fait partie de l'œuvre ; elle n'a pas été ajoutée a posteriori, mais créée par l'artiste en même temps que le reste.
Pour comprendre à quoi renvoie ce cadre métallique, regardons cette autre sculpture,
"Le Nez",
créée une quinzaine d'années plus tard mais qui reprend le même principe d'exposition.
Ce Pinocchio à la fois grotesque et effrayant renvoie à une hallucination d'Alberto Giacometti dans laquelle les morts revenaient terroriser les vivants.
Cette tête spectrale, sans corps, nous menace aussi à sa manière avec son nez surdimensionné qui viendrait piquer le spectateur qui s'approcherait trop près.
L'agression s'impose d'autant plus que le nez sort de la cage pour pénétrer notre monde. On comprend alors mieux le rôle de la cage : elle définit l'espace de représentation,
attribué à l'œuvre, mais renvoie aussi à un espace mental, ce qui sort de la tête de l'artiste ou de son atelier - qui était très confiné.
"La Cage",
Une femme nue, longiligne, au corps grumeleux, avec des traces de peinture sur elle; les bras le long du corps. Un buste d'homme, aveugle,
étroit, tout aussi tourmenté. Ils ne se regardent pas, forment un angle droit. Ils sont dans une cage, une toute petite cage sur un socle
massif perché sur quatre jambes immenses. Ils sont en bronze.
Les différentes versions des Cages s'épurent peu à peu, allant vers des chambres, des scènes, des cellules, les personnages s'affinent, perdant leurs bras, se modelant sur un arbre,
sur une pierre. Et la rupture avec le surréalisme est confirmée.
L'art de la maturité (1935 - 1966)
À partir de 1935, Giacometti va poursuivre une quête de la représentation de la réalité, produisant des séries de têtes pour lesquelles posent un modèle et son frère.
les "petites sculptures" (1941 -1945)
Ayant fuit Paris pour la Suisse (la guerre...) il travaille dans une chambre d'hôtel, poursuivant la production des sculptures minuscules commencée à Paris.
L'impossibilité de réaliser une sculpture de grande taille le hante, et ce n'est qu'après avoir vaincu
cet obstacle avec la Femme au chariot en 1944-45 qu'il décide de quitter la Suisse.
Un art de l'effacement (1946 - 1947)
C'est pendant cette période (1946-1947) que s'affirme le nouveau style de Giacometti, caractérisé par des hautes figures filiformes.
Pourquoi les êtres représentés par Alberto Giacometti sont-ils aussi longilignes ? L'artiste était capable de reproduire inlassablement les mêmes figures sculptées
pendant des années en les affinant sans cesse, au sens concret comme au sens figuré, au point que certaines n'ont presque plus forme humaine.
Le Suisse ne voulait plus d'un art lisse, "propre" et affirmait : "Une sculpture n'est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse.
Elle ne peut être ni finie, ni parfaite." De fait, ses figures sont comme rongées, usées par le temps.
Elles évoquent les silhouettes qu'on distingue dans le lointain, aux contours flous, ou ce que notre mémoire permet de conserver des formes.
Femmes-arbres et hommes-rochers
À partir du milieu des années 1950, Giacometti réduit ses motifs à des têtes, à des bustes et à des figures.
Mais à la fin de sa vie, Alberto Giacometti a produit des sculptures plus épaisses et plus grandes,
qui introduisent des différences radicales entre sujets féminins et masculins.
la femme
Cette Grande femme
par exemple, majestueuse avec ses 2,7 m de haut. Comme toujours, ses traits sont indéfinis. Alberto Giacometti ne montre pas une femme
en particulier, mais la femme. On retrouve les mains massives, la tête sans visage, le socle rugueux qu'il utilise déjà ailleurs...
Mais sa monumentalité impressionne. Plantée dans le sol, très haute, avec ses deux longs bras qui flottent comme des branches, la femme est une évocation de l'arbre.
l'homme,
Il est une pierre, un rocher. Tandis que les figures féminines s'allongent vers le ciel, celles des hommes sont souvent tassées,
réduites à des bustes, comme celui ci-contre, dont les irrégularités rappellent les matières minérales.
À la fin de 1958, Giacometti renoue avec le passé poursuivant ses recherches antérieures en grande taille pour une commande pour une place à New York
devant la Chase Manhattan Bank, projet qu'il abandonnera.
de l'importance des socles chez Giacometti
Giacometti est avec Brancusi un des sculpteurs phares du XXIème siècle et il est à noter pour notre recherche que le socle fut pour l’un comme pour
l’autre un sujet de réflexion, une vraie question de représentation de la figure dans l’espace.
Avec l'exemple des "Quatre femmes sur socle" et des "Quatre figurines sur piédestal", ce sont deux propositions de quatre femmes debout vues à des distances
et dans des circonstances différentes.
Les archives montrent que Giacometti commença en 1948 les recherches sur ces oeuvres, faisant varier la hauteur et la forme du piédestal et des figures.
Un des piédestaux en plâtre abandonnés, aujourd'hui dans les collections de la Fondation Alberto et Annette Giacometti,
présente un cintrage qui évoque le socle pentu des Quatre figurines sur piédestal et montre que, même si l'intention de l'artiste diffère dans les deux
oeuvres achevées qui visent à rendre deux impressions distinctes, leur élaboration a été parallèle, voire croisée.
Sculpture surréaliste (1930-2015)
Sculpture surréaliste (1930-2015) d’Alberto Giacometti et Martial Raysse, présentée dans l’exposition « Giacometti » au Fonds Hélène et Edouard Leclerc, Landerneau.
Tout juste terminée et inédite, voici une Sculpture surréaliste d’Alberto Giacometti dont il ne restait qu’une partie et qui vient d’être complétée par l’artiste français Martial Raysse.
la Sculpture surréaliste du peintre et sculpteur suisse a enfin été révélée au public. Toute fraîche (elle ne figure même pas dans le catalogue),
elle résulte d’une commande de la Fondation Giacometti, dirigée par Catherine Grenier, qui est également commissaire de ladite exposition.
Grâce à un dessin figurant dans un carnet de 1934, on reconnaît la silhouette générale de cette pièce des années 1930 dont la Fondation ne possédait que
la partie basse, sans doute un élément en bois de récupération. Martial Raysse l’a donc enrichie de la roue en métal (qui figure sur le dessin) et d’une
pièce oblique en métal. Il est tout à fait normal que la torsade de cette longue tige ne semble pas très Giacometti, puisqu’il s’agit d’une création à quatre mains,
laissant une part d’interprétation au second créateur. Sculpture surréaliste apparaît donc bien avec les deux signatures et deux dates de réalisation.
Cette commande permet surtout de compléter l’œuvre de la période surréaliste d’Alberto Giacometti, entre l’Homme (Apollon) (1929) et Fleur en danger (1932)
et d’exposer cet élément restant que Giacometti a toujours voulu conserver.
"L'homme qui marche"
Depuis la "Femme qui marche de 1932", conçue
comme un mannequin pour l’importante exposition surréaliste de 1933,Giacometti tente de représenter la figure en mouvement.
La femme qui marche figurera dans sa version actuelle sans bras ni tête à l’exposition surréaliste de Londres en 1936 son mouvement,
inspiré des représentations égyptiennes, est à peine esquissé,
Dans l’immédiat après-guerre, il réalise différentes variations d’hommes en mouvement, de tailles modestes, jusqu’à cette figure ultime à taille humaine,
conçue dans le cadre d’une commande (non réalisée) pour la Chase Manhattan Plaza de New York.
Pour symboliser l’homme, Alberto Giacometti modèle un personnage filiforme réalisé de manière stylisée, dont les membres paraissent s’étirer jusqu’à l’extrême.
Ce personnage irréel mêle à la fois une étrange fragilité et une solide détermination.
Impénétrable et pourtant si troublant, "l'homme qui marche (1960)" de Giacometti ne possède aucun trait personnalisable.
Il n’est vêtu que de sa peau étrangement bosselée.
Par cette absence d’identification de son visage, le personnage exalte une portée universelle qui exerce sur le spectateur une intrigante fascination.
A travers cette sculpture, l’artiste a su capter ce moment décisif d’un homme qui révèle en lui une force fondée sur son propre élan.
L’homme d’Alberto Giacometti ne se pose pas de question. Il vient de quelque part et se dirige vers un ailleurs.
D’un pas décidé, les yeux rivés vers l’horizon, il semble s’élancer pour découvrir, comprendre et aller de l’avant, comme s’il avait un but à poursuivre.
Sa conscience en éveil, il traverse le temps pour observer le monde. Ses pieds, ancrés dans le sol le relient inéluctablement à la terre avec
qui il ne fait plus qu’un. Ici, c’est tout l’être entier qui se déplace à travers une force oblique, vers un avenir à créer.
Peintures et Croquis
Outre ses sculptures, Alberto Giacometti a peint de nombreux portraits qui se caractérisent par l'absence de décor, le caractère quasi monochrome et sombre de la palette,
l'attitude figée du modèle, toujours de face, qui contraste avec l'abondance des retouches au niveau du visage, jusqu'à en effacer l'esquisse initiale.
Il a aussi produit quelques paysages, des natures mortes. Il sculpte en peintre et peint en sculpteur, s’attache à décrire picturalement
la distance absolue que les sculptures avaient instaurée entre les choses : « à ses yeux, la distance, loin d’être un accident,
appartient à la nature intime de l’objet » . Chacun des deux arts non-signifiants témoigne à sa manière de la rencontre entre la plénitude et le vide :
mais tandis que « la sculpture crée du vide à partir du plein », la peinture permet de créer du plein à partir du vide, pour ainsi dire :
« qu’est-ce donc que ce vide encadré et peuplé, sinon un tableau ? Lyrique quand il sculpte, Giacometti devient objectif quand il peint :
il tente de fixer les traits d’Annette ou de Diego tels qu’ils apparaissent dans une chambre vide, dans son atelier désert » .
Les portraits de Giacometti, peints et sculptés, sont la traduction du modèle en tant qu’irréductible altérité, jamais saisissable dans son intégralité.
Dégagés de toute émotion ou expression, ces portraits sont le réceptacle de ce que le spectateur y apporte.
Pour l’artiste, il s’agit de capter et rendre la vie frémissante du modèle et non sa psychologie.
La cuisinière de sa mère, Rita, devient sous le pinceau de Giacometti un personnage hiératique dégagé de tout contexte sociologique.
Ses modèles favoris sont ceux qui vivent à ses côtés : sa mere, Annette, son épouse depuis 1949, et Diego, son frère et assistant, qui servent de support à
ses recherches les plus avancées.
Travaillant de mémoire, il fait surgir leur image au sein d’un espace imaginaire. Travaillant d’après modèle,
il refuse la perspective classique pour restituer le modèle posant tel qu’il le voit – dans son aspect parcellaire ou déformé, toujours changeant.
Leurs traits distinctifs se dissolvent et parfois se fondent, ou se réduisent à l’essentiel. Giacometti représente aussi des modèles occasionnels,
à condition qu’ils acceptent de poser pendant des heures devant son pinceau : l’industriel et collectionneur anglais Sir Robert Sainsbury,
le poète français Jacques Dupin, l’artiste Pierre Josse
. Chaque séance de pose suscite une nouvelle succession de perceptions,
que l’artiste cherche à accumuler sous son pinceau. Caroline, jolie femme à la personnalité complexe qui fréquente le milieu du banditisme et
pose à partir de 1960, est présentée sous trois aspects très différents : déesse lointaine, figure totémique et dangereuse, beauté sculpturale.
"peintures noires"
Entre les années 1950 et 1960, Giacometti réalise une série de «peintures noires» réduisant sa gamme chromatique aux seules tonalités de noirs et gris,
sous lesquelles se devinent parfois quelques traces de couleur. De la monochromie générale émergent les figures comme autant de présences fantomatiques.
Par leur radicalité, ces œuvres s’inscrivent parmi les plus énigmatiques et les plus originales de l’histoire de la peinture figurative de l’après-guerre.
Ici on retrouve ses modèles favori mais aussi Isaku Yanaihara, professeur de philosophie qui posa pour lui de 1956 à 1961
"les cages"
la quasi totalité de ses peintures, comme beaucoup de ses sculptures sont enfermées dans des cadres ou des "cages". quel est le rôle de la cage:
elle définit l'espace de représentation, attribué à l'œuvre,
mais renvoie aussi à un espace mental, ce qui sort de la tête de l'artiste ou de son atelier - qui était très confiné.
ci-dessous un exemple en particulier
deux peintures (pour moi) différentes....
A cette époque (1948), Giacometti disait
"Une sculpture n'est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse.
Elle ne peut être ni finie, ni parfaite." Personellement , je pense que la toile de 1948 "femme debout en superposition d'un buste" (photo de de gauche) relève de la même démarche.
Nous y distinguons une silhouette aux contours flous, ce que notre mémoire permet de conserver des formes qui passent.
La photo de droite ("grand nu debout") datée des années soixantes est elle aussi représentative du stade de création auquel est parvenu l'artiste à cette date:
il peint une silhouette longiligne dont les traits sont indéfinis.
Alberto Giacometti ne montre pas une femme en particulier, mais la femme.
Dessins
Un crayon toujours à portée de la main, Alberto Giacometti n'a jamais cessé de dessiner, dans la rue, au café, chez des amis ou dans son atelier.
Pour lui, le dessin est même «à la base de tout». Sans être préparatoire (ou rarement), il fonde son travail de peintre et de sculpteur
Saisir "l'instant"
Les portraits, particulièrement, et les silhouettes, dont émane une véritable puissance dramatique, semblent inachevés.
Les visages sont composés d'un enchevêtrement, d'un bouillonnement de lignes.
Giacometti ne cherche pas la ressemblance. Il essaie de capter la présence de l'être. Avant qu'il ne soit trop tard.
Cette recherche de la présenc instantanée explique certainement les dessins réalisés sur des supports peu conventionnels
(nappes, cartons d'invitations, journaux ou comme ici, des enveloppes !!!) à l'aide "d'outils" eux aussi hétéroclytes (crayons -noir ou de couleur-, stylo bille ...).
Equivalences entre la figure humaine et la nature
Giacometti met en place un système d’équivalences entre la figure humaine et la nature : les bustes sont des montagnes,
les figures debout sont des arbres, les têtes sont des pierres. La montagne, sous la lumière du soleil, vibre d’une pulsation qui ressemble à une respiration.
Comme l’arbre, l’être humain est pris dans un processus de croissance et de mort qui ne peut jamais être arrêté.
Ce thème orne la porte que Giacometti achève en 1956 pour le caveau funéraire de la famille Kaufmann en Pennsylvanie (Etats-Unis).
Pour l'artiste, "l'homme est une pierre, un rocher" comment ne pas voir la similitude d'approche entre les dessins ci-dessous et le "buste d'homme " sculpture de 1958.
une seule différence, ici c'est "l'homme" et non seulement la tête, qui semble minuscule sur son socle de rochers ...
...Pour terminer cette visite virtuelle!
Pour moi l'évolution artistique de Giacometti est résumée par la photo ci desssus .
On voit, coté droit, "la femme qui marche" sculpture surréaliste empreinte
du "cubisme" qui a marqué le début sa carrière et à l'autre extrémité "l'homme qui marche" créé 28 ans plus tard qui donne corps au concept de l'homme « générique »
qu'il a traqué sa vie durant.
Cette présentation de l'oeuvre de Giacometti et de sa sculpture en particulier ne serait pas complète si j'omettais de citer Jean-Paul Sartre, que Giacometti rencontre
en 1941. Il est l’auteur de deux essais fondamentaux sur l’art de Giacometti publiés en 1948 et en 1954, sur la question de la perception.
En janvier 1948 il écrit :
« A présent, voici la matière, simple grumeau d’espace. Avec de l’espace, il faut donc que Giacometti fasse un homme ; il faut qu’il inscrive le mouvement dans
la totale immobilité, l’unité dans la multiplicité infinie, l’absolu dans la relativité pure, l’avenir dans le présent éternel ; le bavardage des signes dans
le silence obstiné des choses. Entre la matière et le modèle l’écart parait impossible à combler ; et pourtant cet écart n’existe que parce que Giacometti
s’en est fait la mesure » (La Recherche de l’absolu in Les Temps modernes, n° 28, janvier 1948, p. 1153 et s.).
Et en 1964 dans son roman Les Mots Sartre résume Giacometti par la formule : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et
que vaut n’importe qui. »